Avec l’essor des applications de scan de cosmétiques ainsi que certains articles dans les médias, une certaine méfiance règne quant à la composition des produits que l’on utilise au quotidien sur sa peau et ses cheveux. Parmi les ingrédients les plus redoutés des consommateurs dans les cosmétiques capillaires, on nomme les sulfates et leurs dérivés. Mais quelle est réellement leur fonction ? Quel impact sur l’environnement ont-ils ?
L’équipe de LAO a décidé de leur dédier un article ce dimanche, bonne lecture !
Origine des sulfates
Les sulfates sont le résultat de la synthèse de l’acide sulfurique (H2SO4) ou trioxyde de soufre SO3 avec un alcool gras (acide laurique par exemple). La première partie, issue du soufre, est le plus souvent issue de la pétrochimie (60%), et la deuxième partie est d’origine végétale.
Le soufre est un élément mais aussi un minéral (on parle de soufre natif). On le retrouve souvent comme sous produit d’activités industrielle.
Pétrochimie
On trouve de 0,5% à 3% de soufre dans le pétrole. S’il est principalement utilisé (90%) pour l’industrie des engrais phosphatés, on le retrouve aussi dans bon nombres de cosmétiques.
La problématique de la chimie du soufre réside dans son origine pétrochimique : désulfuration du pétrole, purification de gazs naturels… Et pose de sérieux problèmes environnementaux : brouillards et pluies acides, aérosols atmosphériques….
Extraction naturelle (soufre natif)
On retrouve également du soufre naturellement sous forme de pierres jaunes.
Le soufre est associé aux volcans généralement, puisque la fumerole en contient. On retrouve également du soufre dans les gisements sédimentaires : il provient de la décomposition du gypse.
L’extraction naturelle du soufre est moins polluante mais très peu éthique.
Dans l’est de Java, en Indonésie, se trouve le Kawah ljen, un volcan reconverti en mine de soufre depuis près de 100 ans. Les conditions de travail y sont très dures, des hommes y triment pour quelques dollars sans protection contre les gaz toxiques et autres dangers. De plus, ce volcan se trouve à côté du lac le plus acide au monde !
L’entreprise qui possède la mine utilise le soufre pour raffiner du sucre, fabriquer des allumettes ou encore des médicaments.
Les sulfates dans les cosmétiques
Rôle dans les cosmétiques
Les sulfates sont des ingrédients que l’on retrouve dans les produits cosmétiques tels que les gels douche, shampoings ou les produits pour le visage. Ils y jouent un rôle de tensioactif, c’est-à-dire qu’ils permettent de lier les corps gras d’une formule avec l’eau. Leur fonction est donc lavante.
Un shampoing classique par exemple est composé d'environ 5% à environ 50% d'un tensioactif à base de sulfates ou de mélanges de différents sulfates.
Les sulfates ont de nombreuses propriétés dans les cosmétiques tels que :
- un pouvoir moussant
- une texture onctueuse
- un faible prix
Ils se révèlent alors être un ingrédient de choix pour les industriels.
Ils sont faciles à reconnaître dans une liste INCI (liste d’ingrédients) car on retrouve souvent le mot « sulfate » dans les dénominations : sodium lauryl sulfate, sodium laureth sulfate, ammonium lauryl sulfate...
Un ingrédient potentiellement irritant
Cependant, ils sont fortement controversés de par leur potentiel irritant pour le cuir chevelu et la peau et leur effet asséchant sur les cheveux.
Les sulfates sont des ingrédients irritants pour la peau et le cuir chevelu qui peuvent engendrer des dermatites de contact. Ils ont tendance à décaper la surface de l’épiderme en éliminant une partie du film hydrolipidique qui le recouvre. La peau est alors exposée aux agressions extérieures.
L’utilisation répétée de produits moussants contenant des lauryl ou laureth sulfate favorise une peau déshydratée et desséchée.
Sur le long terme les sulfates peuvent avoir un effet néfaste sur la santé ; en effet on sait que notre corps absorbe une partie des produits qu’on y applique. En fragilisant l’épiderme, ils peuvent permettre de favoriser l’entrée dans l’organisme de substances non désirées.
Sulfates et cheveux gras
Étant donné leur caractère décapant et leur capacité à détériorer le film hydrolipidique présent sur le cuir chevelu et les cheveux, on ne peux que recommander d'espacer les shampoings ; l'idéal étant une cadence de 1 à 2 par semaine.
En effet, un lavage trop fréquent viendra amplifier l'effet des sulfates et exciter les glande sébacées qui vont produire de plus en plus de sébum pour tenter de reconstruire le film hydrolipidique ! En résumé, si vous avez les cheveux qui regraissent vite, il est temps de passer à un shampoing sans sulfates et d'espacer les lavages !
Différents types de sulfates
Comme cités auparavant, il existe différents types de sulfates, plus ou moins irritants et dont le procédé de fabrication est plus ou moins polluant. On retrouve des sulfates dans de nombreux produits cosmétiques et également des labélisés bio ! On vous explique pourquoi :
Les labels bio classent les sulfates en 2 groupes, selon leur potentiel irritant plus ou moins élevé.
Ainsi, le sodium lauryl sulfate et l’ammonium lauryl sulfate sont autorisés dans les produits bio car ils sont d’origine végétale (huile de coco ou de palme) et leur procédé de transformation est moins polluant.
Cependant, les labels prennent en compte le pourcentage de ces ingrédients dans une formule qui ne doit pas dépasser un certain quota. Dans ce cas ils ne sont pas considérés comme irritants et donc dangereux pour la peau. Dans le cas d’un label bio, ces ingrédients se retrouvent uniquement dans des produits à rincer, qui ne vont pas rester longtemps sur la peau et pénétrer jusque dans le sang.
La bête noire des labels bio est le Sodium Laureth Sulfate, car son procédé de transformation utilise un produit très toxique pour la santé et l’environnement ; l’oxyde d’éthylène. C’est ce qu’on appelle l’ethoxylation : c’est une réaction chimique dans laquelle on ajoute de l'oxyde d’éthylène à un alcool gras par exemple (dans ce cas le lauryl) pour produire des tensioactifs.
Chez LAO, nous avons décidé de remplacer les sulfates par des tensioactifs naturels et très doux : le Decyl Glucoside, Caprylyl/Capryl Glucoside et le Disodium Cocoyl Glutamate. Ils sont dérivés d'alcools gras végétaux et de sucres.
Sources :
Amandine Georgel. Pénétration transcutanée des substances actives. Application en dermocosmétologie. Novembre 2008. [En ligne] https://hal.univ-lorraine.fr/hal-01732837/document
Cosmébio. Webinar sur les Sulfates. 2020.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Laureth_sulfate_de_sodium
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sulfate
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